Homélie : Comment l'accueillerez-vous ?
L'avénement du Fils de l'Homme (Mt 24, 37-44)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Venue du Seigneur
Ça y est ! C’est reparti ! Nous inaugurons en effet une nouvelle année liturgique. Ce rythme, annuel est destiné à revisiter l’ensemble de notre foi chrétienne et à progresser grâce aux nombreux textes de l’Écriture, que nous entendrons, dimanche après dimanche, différents d’une année sur l’autre, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce n’est pas entrer dans un perpétuel recommencement, tel une rengaine, mais c’est progresser comme dans un mouvement hélicoïdal, tel une hélice qui, en tournant, propulse un engin vers l’avant. Nous quittons Saint Luc pour aborder Saint Matthieu.
Propulsé à l’avant, nous le sommes en effet par l’évangile de ce premier dimanche qui aborde la question de l’avènement (La venue du Fils de l’Homme, terme que Jésus utilise pour se désigner Lui-même). Aux Apôtres qui Lui ont posé la question : « Quand aura lieu cet évènement ? » Jésus, au verset précédant le texte d’aujourd’hui, leur avait répondu : « Quant à la date de ce jour et à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne : le Père seul » v. 36.
Jésus va orienter les Apôtres vers une autre préoccupation et celle-ci est bien à leur portée : « Comment allez-vous accueillir cet évènement ? » semble-t-Il leur dire.
Car cet évènement sera soudain, inattendu… Comme aux jours de Noé où les gens vaquaient à leurs activités habituelles et journalières. Ainsi, Jésus leur recommande d’être prêt, de veiller. Ce qui peut davantage choquer, c’est la manière dont Jésus parle de cette venue brutale et imprévue, pouvant laisser entendre que l’intervention de Dieu serait arbitraire : « L’un est pris, l’autre laissé… ». Il ne s’agit pas d’arbitraire mais de la grande liberté que Dieu donne à chacun, car pour une même annonce, l’un aura entendu, l’autre non, et la manière dont chacun, au cœur de ses activités habituelles, veille ou non, déterminera s’il est pris ou laissé, comme il en a été de Noé, qui écoutait et faisait ce que le Seigneur disait : il fut pris et sauvé du Déluge. « Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains et il marchait avec Dieu » Gn 6, 9.
Veiller, ce serait donc écouter la Parole du Seigneur et être fidèle à ce qu’Il nous dit. Dans son exhortation post synodale “Verbum Domini”, Benoît XVI rappelait que nous ne sommes pas des gens du livre mais de la Parole de Dieu qui est vivante aujourd’hui et qui a fait ses preuves depuis tant de siècles.
- Retenir une de ses Paroles, chercher à la comprendre, la méditer pour la garder en notre cœur afin qu’elle porte du fruit.
- C’est aussi accueillir les personnes qui sont mises sur notre route ou même qui vivent à nos côtés et auxquelles nous serions plus attentifs pour les regarder, les écouter et les mieux aimer.
- Enfin, c’est chercher le sens d’un évènement qui nous touche, nous bouscule, nous dérange, voire nous heurte, en nous mettant sous le regard bienveillant de Dieu.
Le temps que nous consacrons au Seigneur pour nous mettre devant Lui est en cela très important et indispensable. Dans le temps qui sans cesse nous échappe, il est essentiel de prévoir ces pauses où l’on peut ressaisir le sens de ce que nous faisons, disons ou pensons et l’ajuster constamment à la volonté de Dieu.
Veillons non seulement parce que nous ne savons quand le Fils de l’homme viendra, mais parce que c’est notre force et notre bonheur de l’accueillir et de marcher avec Lui chaque jour.
Que ce temps de l’Avent nous aide à mieux vivre ainsi !
AMEN !