Homélie : « Mais Lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin »
Jésus à Nazareth (Lc 4, 21-30)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
« Mais Lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ».
Phrase bien énigmatique face à l’agressivité déchaînée des habitants de son village. Cela ne vous fait pas penser à une autre situation où Jésus va être conduit en-dehors de la ville, jusqu’à un escarpement, pour être précipité en bas ? Jérusalem, le rocher du Golgotha où il sera précipité dans la mort. Mais Jésus n’est qu’au début de son ministère et tout au long, Il va essayer de faire comprendre à son peuple que Dieu son Père aime tous les hommes, ceux qui lui sont proches grâce à sa Révélation, et ceux qui sont loin et n’ont pas reçu cette Révélation.
Les habitants de Nazareth, familiers de Jésus, refusent de voir en Lui plus que le « fils de Joseph, le charpentier ». Et bien même qu’ils aient entendu parler des signes merveilleux qu’Il a opérés à Capharnaüm et dans d’autres villages, ils restent insensibles à la Parole que Jésus vient de lire et qu’Il annonce s’accomplir dans leur « aujourd’hui », comme nous l’entendions dimanche dernier : « L’Esprit de Dieu est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… »
Trop proches ? Aveuglés par les années que Jésus a passées à Nazareth et où Il n’a rien dévoilé de ce qu’il était ? Peut-être. Alors Jésus va leur rappeler que 800 ans avant lui, les prophètes Élie et Élisée, avaient été envoyés par Dieu auprès de la veuve de Sarepta, près de Tyr, au Liban, pour la secourir miraculeusement de la famine ou auprès de Naâman, le syrien, pour le guérir de la lèpre. Et ces païens crurent au Dieu d’Israël qui s’étaient manifesté bon et miséricordieux envers ceux qui n’étaient pas de son peuple.
Comment accueillons-nous ce Dieu qui veut se donner à tous ? Et comment faisons-nous savoir qu’Il veut se donner à tous ? Comment le présenter à ceux qui ne le connaissent pas ?
Je me servirais bien volontiers de ce très beau texte de St Paul aux Corinthiens que nous avons entendu aujourd’hui et que tant de fiancés choisissent pour célébrer leur mariage. Remplaçons le mot amour, « agapè » en grec, par Dieu : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque Dieu, cela ne me sert de rien.
Dieu prend patience ; Dieu est serviable; Il ne jalouse pas; Dieu ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil; Il ne fait rien de malhonnête, ne cherche pas son intérêt, Il ne s’emporte pas, n’entretient pas de rancune; Il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais Il trouve sa joie dans ce qui est vrai. Il excuse tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout. Dieu ne passe jamais ».
(On pourrait aussi bien remplacer Dieu par Jésus, qui nous est plus familier).
Paul nous invite à nous identifier à Lui qui n’est qu’amour. En gardant sa Parole, en le recevant, Il demeure en nous et il sera possible de parler de Lui, non seulement avec des mots, mais avec des gestes, des actes qui Lui ressemblent.
Aujourd’hui s’accomplit cette Parole pour tous, pour nous qui sommes proches : accueillons-Le ; et pour ceux qui sont loin : montrons-leur.
AMEN !