Homélie : Un empereur qui veut se faire dieu, et un Dieu qui se fait homme
Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Quel contraste, frères et sœurs, entre la volonté de puissance de l’Empereur Auguste qui veut « recenser toute la terre » et la naissance d’un enfant, dans un petit village, loin des palais, dans le grand dénuement d’une étable. D’un côté, un empereur qui veut se faire dieu, de l’autre un Dieu qui veut se faire homme. D’un côté un puissant qui n’a que faire des personnes (si ce n’est d’en savoir le nombre pour qu’elles payent leurs impôts), de l’autre un bébé dans une mangeoire qui attire à lui les gens simples qui deviendront témoins et porteurs de cette merveilleuse et incroyable initiative de Dieu : vous avez au milieu de vous un « Sauveur » qui est le « Messie » c'est-à-dire le « rempli de Dieu » et qui est « Kurios », « Seigneur », titre divin.
Voici donc comment Dieu Lui-même se fait accessible à nous. « Personne n’a été empêché de l’aborder par la hauteur de son pouvoir. Il est apparu banal et pauvre, Lui qui s’est offert à tous pour leur salut. Car dans la crèche, c’est le Verbe de Dieu qui se présente au moyen du corps, afin que « l’ignorant » aussi bien que « l’intellectuel » puisse accéder à cet aliment qui nous sauve… » (Théodore d’Ancyre, 1360-1361).
Alors, frères et sœurs bien-aimés, à quel monde voulons-nous appartenir ? Celui d’Auguste ou celui de Jésus ? Bien sûr, ma question est un peu simpliste, mais elle veut nous inviter à choisir entre ce qui est essentiel : aimer, faire du bien, donner du bonheur en restant humble, attentif et ingénieux, généreux et joyeux…et ce qui passe et laisse un vide dans nos cœurs et nos existences. Une fois homme, Jésus nous invitera à le suivre. Pourquoi ? Pour faire naître en nous l’enfant de Dieu que nous sommes, appelé à imiter comme un frère et à vivre à sa manière dans la joie d’aimer.
Ne tardons pas à choisir et si nous craignons de ne pas avoir assez de courage ou de force, sachons que c’est bien pour cela qu’Il se donne encore aujourd’hui en nourriture, non plus dans une mangeoire mais par la Parole et par le Pain de cette Eucharistie. N’est-Il pas le Sauveur qui nous libère de tout ce qui est creux, sans importance, polluant ou destructeur et qui laisse profondément triste ? N’est-Il pas Celui qui nous fait communier à une multitude de frères et sœurs dans la foi et en particulier à ceux qui sont réunis avec nous ce soir : malgré nos nombreuses activités et préoccupations, ne sommes-nous pas venus pour Lui et goûter autour de Lui un peu de Paix et d’amitié ? Mais Il nous appelle aussi à les vivre avec ceux qui ne sont pas là avec nous.
Remercions-Le de la lumière et la force de son amour en cette nuit.
AMEN !