Homélie : « Par ces exhortations et bien d'autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle »
Prédication de Jean-Baptiste (Lc 3, 10-18)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
« Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle » (Luc 3, 18)
Bien qu’il parcoure toute la région du Jourdain, Jean-Baptiste ne fait pas campagne, pas plus qu’il ne présente un programme électoral, fût-il intéressant, basé sur le partage et la solidarité, la justice et le refus de la violence.
Non, Jean-Baptiste ne se met pas en avant : « Il vient, Celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales ».
Alors, que fait-il ?
Il nous exhorte à nous préparer à accueillir Dieu. Et pour cela, il ne demande pas des choses hors de portée, héroïques. Pour accueillir Dieu, il nous demande d’abord être « humains », profondément humains, c'est-à-dire d’être ce que nous sommes par création, par nature : l’image, l’icône de Dieu. Cette icône est bien souvent abîmée par nos égoïsmes, nos orgueils, nos injustices, nos erreurs, nos violences… Elle est salie : il faut la nettoyer, la laver, la purifier et c’est le baptême d’eau que donnait Jean-Baptiste en demandant à ceux qui venaient l’interroger de retrouver ce qui était profondément humain en eux. N’est-ce pas la première démarche à faire pour revenir vers le Père, le Créateur ?
Le Messie vient donner un autre baptême. De l’être humain que nous sommes, Il vient en faire un fils ou une fille de Dieu, un frère ou une sœur. Cela ne peut se faire que par le don de la personne même de Dieu, l’Esprit Saint. Il vient habiter en nous et par la foi, nous transforme en filles et fils bien-aimés du Père, essayant, bien qu’imparfaits, à ressembler au Fils bien-aimé.
Un récit évangélique du même St Luc illustre bien ces deux étapes : baptême d’eau qui purifie, baptême d’Esprit et de feu qui nous configure au Christ.
Il s’agit du récit du bon larron. Jésus traverse son Baptême de sang et de feu (le feu de son amour et de sa souffrance). Il va livrer son dernier souffle, que l’on peut aussi interpréter par son Esprit, l’Esprit Saint du Père (c’est en effet le même mot qui est utilisé). Quelques instants avant, un homme, crucifié à ses côtés en raison du mal qu’il a commis, l’invectivait en disant : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » Mais un autre condamné, crucifié comme lui, le reprenant, déclara : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c’est justice, nous payons notre dette ; mais lui n’a rien fait de mal ». Attitude profondément humaine de celui qui, d’une part reconnaît ses propres crimes et de l’autre l’injustice qui est faite à un innocent. Voici cette première étape qui purifie la conscience et manifeste la conversion : baptême d’eau.
Le récit continue. « Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume ». Acte de foi, au cœur de sa souffrance, (car il est crucifié comme Jésus) ; au terme de sa vie, il se tourne vers le « Dieu-qui-sauve » (n’est-ce pas ce que signifie le nom de Jésus : Dieu sauve). Voici le deuxième Baptême, le Baptême de désir, don de l’Esprit-Saint, dans les derniers souffles d’un cœur capable de s’ouvrir au Tout Autre malgré le feu de la douleur.
« Et Jésus lui dit : « Amen, je te le dis, aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis ». Il est peut-être le premier fils de Dieu, racheté, conduit auprès du Père.
Voilà un message de joie qui annonce la joie du paradis.
Cherchons donc à être pleinement « humains », avec ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine et que Jésus a sanctifiée par 90 % du temps de sa présence parmi nous, à Nazareth. Demandons-lui, jour après jour le don de l’Esprit-Saint du Père qui nous « divinise » dans le feu de l’amour et du don de nous-mêmes.
AMEN !