Homélie : C'est du dedans du coeur...
Enseignement sur le pur et l'impur (Mc 7, 21-23)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Est-ce bien le but de Jésus que d’énumérer les turpitudes qui décrivent nos maladies de cœur ? Bien sûr que non ! N’a-t-il pas voulu, comme l’écrit si bien St Jacques dans la lecture d’aujourd’hui, « nous donner la vie par la parole de vérité » ? Sur les recommandations du même apôtre, « accueillons-la humblement : parce qu’elle est semée en nous, elle est capable de nous sauver ».
Nous sauver ? A condition que nous ne nous contentions pas seulement de l’écouter, mais en la mettant en pratique. Et cette mise en pratique, c’est la charité, et particulièrement, à l’égard de ceux qui en ont le plus besoin : St Jacques désigne les orphelins et les veuves dans leur malheur, car c’étaient les catégories sociales les plus vulnérables à son époque. Mais il aurait pu nommer toutes les formes de malheur que nous rencontrons aujourd’hui, des personnes gravement malades aux victimes des guerres et des famines, en passant par les personnes âgées abandonnées, les chômeurs longue durée ou les sans papiers.
Reprenons le Psaume de ce jour (Ps 14) : il présente le « juste » qui se conduit selon les commandements du Seigneur dans la vérité de son cœur. Et c’est bien cela que Jésus veut dire aux scribes et aux pharisiens qui croient rendre un culte à Dieu et acquérir la justice en observant des traditions qu’ils ont inventées au lieu de suivre le commandement de Dieu. Il est même obligé d’expliquer clairement à la foule, fascinée et empêtrée dans tous ces rites, ce qui est pur et ce qui rend impur. Est pur ce que l’homme accueille d’en-haut, « qui descend du Père de toutes les lumières comme don merveilleux » fait à l’homme. Est impur « ce qui sort de l’homme », « ce qui vient du dedans », c'est-à-dire du fond de lui-même, du cœur. Le cœur dans le langage biblique est le siège de l’intelligence, de la volonté et de l’affectivité. C’est en lui que s’élaborent les pensées et que se prennent les décisions qui font passer à l’action. Certes, le cœur peut être très généreux et humble, mais Jésus vient guérir les parties blessées qui nous détruisent et détruisent les autres. Il nomme ces maladies qui laissent nos cœurs battre au rythme de nos pulsions, de nos désirs ou de nos frustrations et non au rythme de son amour. C’est vraiment le médecin qui nous éclaire par son diagnostic.
Ainsi, toute prière que nous adressons à Dieu, toute rencontre que nous cherchons avec Lui doit se faire dans cet espace de vérité sur nous-même, éclairé et encouragé par sa parole purificatrice. Sinon, « nous l’honorerons des lèvres, mais notre cœur sera loin de Lui » et restera malade.
Que la Parole de Dieu reçue, écoutée, méditée, prise en compte soit mise en pratique jour après jour. Les offices, les lectures d’un missel quotidien, ou encore d’une revue chrétienne offrent tous les jours une méditation de la Parole de Dieu.
Que cette Parole atteigne notre cœur, « notre dedans » et nous fasse porter du fruit. Demandons-le au « Verbe de Dieu » qui vient maintenant à nous et pour nous dans cette Eucharistie.
AMEN !