Homélie : Présence du Christ
la Cène du Seigneur (Mc 14, 12-16, 22-26)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Homélie largement empruntée à un article du P. Alain Chapellier, ancien aumônier des collèges et lycées de Rambouillet, dans le N° de Juin 2009 de la revue Message du Secours Catholique, pages spéciales Yvelines.
Lors du dernier repas, le Christ a dit : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang » et ses disciples Lui ont fait confiance. Depuis cette date, l’eucharistie est devenue la source et le sommet de toute évangélisation, l’acte central de la vie de l’Église.
Et, lorsqu’à la Réforme, bon nombre de chrétiens se sont mis à douter de la réalité permanente de la présence du Christ dans le pain et le vin consacrés, l’Église catholique a réaffirmé la vérité de ce mystère en martelant que, oui, le Christ était authentiquement présent dans le pain et le vin consacrés.
Paradoxalement, l’accent mis sur cette présence réelle du Christ à l’eucharistie risque parfois d’avoir, ce qu’on ose appeler un effet pervers : celui de faire oublier d’autres paroles même du Christ quand Il s’identifie à ses frères humains : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venu me voir ». (Mt 25, 35-36)
Autant ceux qui négligeraient l’importance de la présence du Christ au repas de la messe se priveraient d’une richesse essentielle, autant ceux qui oublieraient cet autre type de présence non moins réelle du même Christ dans « le plus petit de ses frères » passeraient à côté d’un aspect non moins essentiel de l’Évangile.
On en vient à regretter que ce terme de présence réelle ne soit réservé qu’à l’hostie consacrée. Car la vérité de sa parole est la même quand Il dit : « Ceci est mon Corps » que lorsqu’Il dit : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » …
Il s’ensuit qu’adorer le Christ dans l’Eucharistie sans Le servir dans mon frère est au moins un non-sens, au pis une hypocrisie.
On trouve dans les récits des Pères du désert, cette phrase d’un auteur hélas anonyme : « Quand tu te tiens en prière et qu’un frère te demande à boire, quitte ton oraison et donne-lui à boire. Le Dieu que tu sers est plus sûr que celui que tu pries ».
Il y a encore d’autres modes de présences réelles que le Christ nous a apprises. « Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20) ; « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même » Mt 18, 5.
En cette Fête du Corps et du Sang du Christ, adorons Celui qui se manifeste vivant et réellement présent à nous, dans sa diversité, jusqu’à la fin des temps pour qu’Il nous conduise à aimer et servir nos proches.
AMEN !