Homélie : « Rappelez-vous ce qu'Il a dit ... »

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
(...) Nous entendons ce soir (...) ce récit des premiers moments de la Résurrection de Jésus. N’est-elle pas le cœur de notre foi puisqu’être baptisé c’est être plongé avec le Christ dans sa mort pour ressusciter à une vie nouvelle avec Lui ?
Que nous fait découvrir ce récit ?
Tout d’abord, que la Résurrection de Jésus n’a pas été un fait éclatant que l’on peut constater sans discussion. L’absence du corps de Jésus dans le tombeau, avec pourtant le linceul resté en sa place, jette dans la plus grande perplexité ces femmes fidèles venant rendre à Jésus les dernières marques de respect dues à un défunt. Elles ne savent que faire !
C’est alors que deux hommes en vêtements éblouissants les questionnent comme en reproche : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici : Il est « réveillé » -egeirw (C’est un des deux mots pour dire « ressuscité »)-. Rappelez-vous ce qu’Il a dit… » Faites mémoire, rendez vivantes et actuelles ses paroles. Qu’avait-Il dit en Galilée ? « Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’Il soit crucifié et que le troisième jour, Il « se lève » -anisthmi (l’autre mot pour dire « ressuscité »)-. Alors, elles se rappelèrent ses paroles ».
Le constat du tombeau vide et du linceul resté là est tout à coup éclairé par le rappel à la mémoire des paroles enfin réalisées de Celui qui est le Vivant.
Par la suite, les femmes vont affronter la suspicion et la résistance des Apôtres. Pierre lui-même, bien qu’ayant vérifié les choses comme les femmes l’avaient dit, s’en retourne étonné : mais il ne se rappelle pas les paroles du Christ.
En effet, « La foi en la Résurrection n’a rien d’évident même chez les chrétiens, comme le montrait un sondage récent dans le journal « Le Pèlerin ». Beaucoup reconnaissent Jésus comme un homme exceptionnel et accueillent son message parce qu’il porte des valeurs positives pour notre société. Mais aller au cœur de la foi en croyant à la résurrection du Christ, en tissant une relation d’amitié avec lui reste une pierre d’achoppement » écrivait Jean-Luc Garin, dans LA CROIX de ce W-End (p.16).
Si nous sommes tous ici réunis ce soir, c’est au nom de cette relation avec Jésus Christ. Notre rencontre avec Lui s’est faite en général de deux façons : la première, par des témoins, croyant en sa présence active en nous et autour de nous (depuis nos familles jusqu’aux rencontres et relectures avec d’autres croyants d’évènements qui nous ont marqués) ; l’autre, par la découverte et la connaissance toujours renouvelée de la Parole de Dieu : n’apporte-t-elle pas lumière sur nos vies ? Ne les bouscule-t-elle pas par moment ? Ne leur fait-elle pas comprendre le dessein merveilleux qui leur est proposé : aimer avec Celui qui est Amour ? Ne conduit-elle pas au bonheur vrai ?
(...) C’est ce que nous, « vieux chrétiens », continuons de faire, en particulier dimanche après dimanche. Et cette nuit encore, la liturgie nous a rappelé les paroles de Dieu qui expriment notre vie baptismale.
- Être « re-configuré » à l’image de Dieu et à sa ressemblance, comme des enfants bien-aimés. (Gn 1,26-27)
- Être libéré de l’esclavage de nos péchés par la puissance d’Amour de Dieu, comme l’annonçait le passage de la Mer (Ex 14,30).
- Être désaltéré à la Source qui donne Vie, chantait Isaïe, et qui coulera du côté du Christ en Croix, purifiant notre cœur et donnant vie à nos âmes.
- Être guidé par la Sagesse qui est le livre des commandements de Dieu et conduit au Christ, Sagesse éternelle, proclamait Baruch (Ba 4,1).
- Enfin, les paroles de Dieu selon St Paul, qui donnent le sens profond du Baptême lui-même : « Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ » (Rm 6,11).
Entrons tous ensemble avec le Christ dans la célébration de notre Baptême, actuel ou plus ancien, pour nous rapprocher davantage de Lui et les uns des autres et faire Corps avec Lui, son Corps qui est l’Église.
AMEN !