Homélie : Une leçon de patience
Le bon grain et l'ivraie (Mt 13, 24-30)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
La parabole de l’ivraie et du bon grain aborde la question des situations délicates où nous constatons que, malgré tous les efforts que nous avons faits et les dispositions que nous avons prises pour réaliser quelque chose de bien, du mal est apparu et gâche toute l’opération. La réaction bien humaine est d’extirper le mal pour ne laisser apparaître et se développer que le bien. Cette solution pourrait à la rigueur s’appliquer pour des choses, par exemple, un fruit qui se gâte, ou une tumeur qui risque de se développer. Mais lorsqu’il s’agit de sujets humains, la solution n’est pas aussi simple. Qui peut déterminer de façon certaine ce qui est mauvaise ou bonne graine ? N’est-elle pas en chacun de nous ?
Jésus fait savoir qu’il n’appartient pas aux hommes de le faire. Mieux vaut supporter la présence du mal que d’arracher le bien lorsqu’on n’a pas les moyens d’un véritable discernement et laisser ce travail à ceux qui en sont capables (“les moissonneurs”). Cette parabole est une leçon de patience ; Jésus l’applique au Royaume. Les disciples doivent cultiver une patiente confiance et accepter que le Royaume soit une communauté, une Église même, où se mêlent le bien et le mal. La moisson, dans la Bible désigne le jugement dernier : il n’est ni du ressort des disciples ni de leur compétence.
Dans les persécutions que subirent les premiers chrétiens, St Pierre dans une lettre écrit ceci : “ Mais voici un point, très chers, que vous ne devez pas ignorer : c'est que devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne retarde pas l'accomplissement de ce qu'il a promis, comme certains l'accusent de retard, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir. Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur ; en ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les œuvres qu'elle renferme sera consumée ” (2 P 3, 8-10).
Cette parabole a laissé perplexes les disciples et ils demandèrent à Jésus de la leur expliquer, ce que Jésus a fait dans le même chapitre, quelques versets plus loin v.36-43.
Certes le bien et le mal se côtoient dans la phase terrestre de croissance du Royaume. Mais le disciple qui comprend le message de Jésus sait qu’il y aura un jugement sans échappatoire. Pour le moment, le Royaume est proposé à tous et Jésus nous invite dès à présent à faire le bon choix.
AMEN !