Homélie : Dieu notre Père compte sur nous
Les vignerons homicides (Mt 21, 33-43)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
En ce dimanche, il est encore question d’une vigne, ou plutôt, d’un propriétaire qui avait une vigne qu’il avait confié à des serviteurs vignerons.
Quelle est donc cette vigne, qui est ce propriétaire et qui sont ces vignerons ?
Au Pays de Jésus, une vigne est très précieuse et on en prend grand soin. Alors la Bible compare souvent le peuple de Dieu à la vigne pour bien faire comprendre à quel point nous sommes précieux aux yeux de Dieu (Ps 79). Dieu est comme cet ami dont parle le prophète Isaïe (Is 5, 1-7), des siècles avant Jésus-Christ, qui fait tout ce qu’on peut faire de mieux pour sa vigne. Retourner la terre, enlever les pierres, mettre des plants sélectionnés ; puis construire une tour de garde pour qu’on ne vienne pas voler ses fruits ; enfin, bâtir un pressoir pour recueillir le jus et en faire du bon vin. La vigne, c’est le peuple de Dieu.
Les vignerons, ce sont les responsables religieux et politiques de son peuple, « les chefs des prêtres et les pharisiens » qui feront mettre à mort Jésus, croyant s’en débarrasser ! Mais n’est-il pas cette pierre rejetée par les bâtisseurs devenue « pierre angulaire » pour les païens comme pour les juifs ? C’est sur Lui que tout homme est invité à bâtir son existence.
Mais attention ! Une lecture rapide et superficielle de cet Évangile pourrait nous faire penser que Dieu, le propriétaire de la vigne, en colère contre ces vignerons qui ont tué son propre Fils, enlèverait le Royaume de Dieu au peuple élu, le peuple juif, pour le donner aux païens et nous serions aujourd’hui ces païens. En réalité, Dieu, qui est fidèle à ses promesses, ne revient jamais sur les dons qu’Il fait : Il garde son peuple choisi (Rm 11, 1) ; mais Il lui a adjoint les nations païennes.
Par ailleurs, la violence du châtiment qui clôt la parabole pourrait nous scandaliser. Mais Jésus n’a aucune intention de punir. Il suscite seulement une réponse chez ceux qui l’écoutent et Il pose la question : « Quand le maître viendra, que pensez-vous qu’il fera à ces vignerons ? » Ce sont ses interlocuteurs qui donnent le terrible verdict. Jésus n’en reprend que la seconde partie : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire du fruit ».
Dieu notre Père compte donc sur nous, ouvriers de sa vigne, pour que nous lui fassions produire du fruit. Cela ne pourra « se réaliser qu’à travers la disponibilité à la conversion et à travers une foi renouvelée » pour éviter de devenir « des fidèles “de routine” qui dans l’Église voient désormais seulement ce qui paraît, sans que le cœur soit touché par la foi ». Ainsi Benoît XVI s’adressait-t-il, dans une homélie aux catholiques rassemblés pour l’Eucharistie à Fribourg. Il invitait chaleureusement ses fidèles « à s’interroger sur leur relation personnelle avec Dieu, dans la prière, dans la participation à la messe dominicale, dans l’approfondissement de la foi par la méditation de la Sainte Écriture et l’étude du Catéchisme de l’Église Catholique. »
J’y ajouterai la pratique d’une charité ouverte, bienveillante et compatissante. “Vivons notre Baptême” avec Lui, car sans Lui, nous ne pourrons rien faire.
AMEN !