Homélie : Accueillir la venue du Seigneur dans notre vie de tous les jours
Vierges avisées et vierges insensées (Mt 25, 1-13)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
“ Vierges avisées, vierges insensées ”
Pour parler à ses disciples de sa venue, Jésus présente cette parabole des dix jeunes filles invitées aux noces. Le cadre est celui d’une noce orientale qui se déroule la nuit, où la mariée, escortée de ses amies, va à la rencontre de son époux. Les jeunes filles sont munies de lampes à huile pour éclairer le chemin et exprimer la joie de ces noces accompagnées de musique. J’ai moi-même été témoin d’un tel cortège au mariage du fils d’un ami en Galilée il y a quelques années. C’est très beau, très gai et lorsque les deux époux se rejoignent, ils dansent tous les deux, entourés du cortège des jeunes filles tenant leurs lampes allumées.
Or cet époux-là tarde à venir et les jeunes filles s’assoupissent toutes. Quand enfin il arrive, elles apprêtent leurs lampes. Mais l’attente a dû être longue, car les lampes sont vides. Cinq d’entre elles avaient prévu le coup ; les cinq autres sont prises au dépourvu.
S’en suivent deux comportements assez choquants :
- Celles qui ont pris des réserves d’huile ne partagent pas !
- Lorsque les autres reviennent, après avoir été chez le marchand, l’époux lui-même les refoule, prétendant même ne pas les connaître !
Que veut nous faire comprendre Jésus ?
Dans cette parabole, qui est l’époux ? C’est Lui, bien sûr, puisqu’Il parle aux disciples de sa venue qu’il faut attendre.
Qui sont les jeunes filles ? Elles représentent les membres de la Communauté Chrétienne, l'épouse, l’Église, qui vont au-devant de l'époux, le Christ, qui doit venir. Pourquoi le retard ? C’est la longue attente, parfois décourageante, qui éprouve les premiers chrétiens et encore nous autres aujourd’hui. Comment se fait-il qu’au bout de bientôt deux mille ans, le monde, semble-t-il, n’ait pas beaucoup changé et qu’il avance avec son cortège de misères et de malheurs, et même, de rejet du Christ ? Il y a vraiment de quoi être pessimiste par moments…
Que signifie l’huile ? Plusieurs significations peuvent être données.
Le plus souvent, elle exprime la joie de chacun, invité aux noces de l’Époux, en compagnie de l’épouse qui attend patiemment sa venue sans désespérer. Les prévoyantes, les “avisées” (fronimoi) ont prévu des réserves d’huile : la longue attente ne les a pas déçues et leur joie peut éclater. Les “insensées” (mwrai) n’ont pas préparé l’éventualité de cette attente éprouvante : elles se sont découragées et n’ont plus d’huile. L’huile représente donc les dispositions personnelles de chaque croyant. A ce titre, elles ne peuvent être prêtées à d’autres : on ne peut croire, espérer, aimer par procuration, à la place d’un autre et les prévoyantes ne peuvent donner de leur huile.
Pour d’autres, l’huile représente l’amour qui alimente la flamme de la lampe. L’amour fait aller dès maintenant à la rencontre des autres, particulièrement, ceux qui ont besoin de nous. Les paraboles qui suivent dans l’Évangile de Matthieu, et que nous entendrons les prochains dimanches, révèleront que “ces autres” sont ni plus ni moins que Jésus Lui-même, l’Époux.
Pour participer aux noces, Jésus nous invite donc à produire cette belle huile, fruit de petits ou grands gestes d’amour. Passer maintenant à côté ou refuser de les donner, c’est risquer de manquer d’huile au moment de sa venue et de se retrouver tellement différent de Lui qu’Il ne pourra même pas nous reconnaître !
Comme toute parabole, elle n’est pas un jugement de notre propre comportement mais une très forte invitation à nous mettre dès maintenant à accueillir de cette façon la venue du Seigneur dans notre vie de tous les jours.
Que Son Esprit-Saint, dont nous avons reçu l’Onction à notre Baptême et notre Confirmation, nous donne sa propre huile pour la joindre à la nôtre.
AMEN !