Homélie : « C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices. » Mt 9, 13
L'appel de Matthieu (Mt 9, 9-13)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
- « Mon Père, je viens me confesser, mais si vous saviez combien ça me coûte ! »
- « Eh oui ! Vous n’êtes pas le seul : moi aussi, j’éprouve ce même sentiment ! » Mais d’où vient-il et pourquoi nous avons tant de mal à nous en libérer ?
Il est vrai que si je jette un regard sur ma vie, ce n’est pas toujours brillant car malgré mes efforts et ma bonne volonté, je retombe toujours dans les mêmes erreurs, dans des injustices, mensonges, égoïsmes, désirs impurs, en un mot dans mes péchés. Et les reconnaître, année après année, c’est bien décourageant ! C’est même très humiliant ! Est-ce bien ce que le Seigneur nous demande ? Que nous révèle Jésus dans ce bel évangile ?
Les pharisiens pensent qu’aller manger chez un pécheur notoire (exclu de la communauté comme l’étaient la plupart des publicains, collaborateurs de l’occupant romain), c’était “se contaminer”. Jésus montre que la contamination peut s’exercer dans l’autre sens : sa parole éclairante et son attitude de bonté pourraient bien être plus fortes que le mal et guérir les pauvres malades visités qui n’espèrent que cela. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » Matthieu 9, 12.
N’y a-t-il pas une véritable conversion à faire lorsque nous envisageons la “confession” ? Tout d’abord, en prenant de façon positive ce mot confession. En faisant cette démarche, je “confesse ma foi” dans la puissance du pardon que Jésus a remis à son Eglise. Au soir de Pâques, Jésus ressuscité retrouve ses Apôtres. « Il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint : les péchés seront remis à qui vous les remettrez. Ils seront retenus à qui vous les retiendrez » Jean 20,22-23. Autrement dit, Il remet les pleins pouvoirs aux Apôtres et leurs successeurs. Je viens donc trouver un ministre du pardon de Dieu, lui-même pécheur sauvé par grâce, témoin de Jésus et de son amour bienveillant pour nous. N’est-Il pas venu appeler les pécheurs pour qu’ils le suivent, malgré leurs faiblesses et leurs péchés ? Voilà ce que nous confessons en recevant le sacrement de “pénitence et réconciliation” tel qu’on le désigne aujourd’hui.
« C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices… » Mais alors, mépriserait-il les sacrifices ? C’est mal comprendre le sens du mot “sacrifice”. Ce mot vient du latin : “sacrum facere”, faire du sacré. Le culte du Temple de Jérusalem offrait des centaines de bêtes que l’on égorgeait (même mot que sacrifice) pour apporter à Dieu quelque chose qui avait du prix et que l’on Lui retournait en sacrifice de louange, de communion ou d’expiation. Mais déjà à ceux qui voulaient aller à la rencontre de Dieu et envisageaient de nombreux sacrifices, le prophète Michée répondait : « On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu." (Michée 6, 6-8). En somme, une tâche bien accomplie, un travail bien fait, un service rendu, le refus de paroles blessantes, une vérité reconnue en toute justice, même si elle coûte…voilà ce qui est “faire du sacré”.
Jésus est venu le faire avec nous. Il se fait inviter à notre table pour nous guérir et mener à bien ce que nous faisons. Nous pouvons alors nous unir en offrande avec Lui à notre Messe Dominicale : à la fin de l’Offertoire, le prêtre ne nous invite-t-il pas ainsi : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise » Et l’assemblée de répondre : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde”.
Qu’il en soit ainsi pour nous tous, unis au Seigneur, tout particulièrement lorsque nous allons communier à son Corps.
AMEN !