Homélie : Jésus nous confie l'Evangile : pas question de s'endormir !
Veillez ! (Mc 13, 33-37)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Jésus parle à ses disciples de sa venue, alors qu’Il est là, avec eux. C’est qu’Il est à deux jours de Pâques : Il va être arrêté, condamné et mis à mort. Il prévient ses disciples pour qu’ils ne tombent pas dans le désarroi et le désespoir. Que leur dit-Il ? “Prenez garde : veillez !” Mot à mot : “Ayez l’œil ! Ne dormez pas” [vient de “a” négatif, et upnos = sommeil -> hypnose)], et donc “ne soyez pas hypnotisés” !
Par quoi ?
D’abord par la peur : pour les Apôtres, celle de son absence et celle de subir le même sort que leur maître.
Pour nous devant les délais de sa venue, peur de nous être trompés en mettant notre confiance en Lui. Et puis, nous avons tant de raisons d’être absorbés par tous les soucis de la vie, les préoccupations qui ne manquent pas de nous envahir ; ou bien par tout ce qui attire, fascine et fait oublier les choses importantes et surtout les personnes : on passe à côté ! On ne les voit plus !
Jésus par quatre fois nous dit : « Sortez de votre “hypnose” ! Avez-vous remarqué, l’homme parti en voyage ne laisse pas ses serviteurs dans l’oisiveté : « Il leur a donné tout pouvoir, fixé à chacun sa tâche et recommandé au portier de sa maison de veiller ». Aujourd’hui, Il nous confie l’Évangile, les « richesses de sa Parole et celles de la connaissance de Dieu » écrivait St Paul aux chrétiens de Corinthe (1 Co 3, 5). A nous de les faire connaître et de les mettre en pratique ; unis à son Église, chacun à notre place dans le monde, en fonction de nos possibilités. Pas question de s’endormir !
Le vrai danger ne vient pas, pour nous, des persécutions comme actuellement les chrétiens d’Inde, d’Irak, d’Égypte ou de certains pays d’Afrique, mais le danger vient de l’assoupissement, de la tiédeur, des anesthésies intérieures et extérieures, des bonnes raisons du repli sur soi pour ne plus voir, ne plus entendre, ne plus sentir, ne plus être attentifs, attentionnés… Car le Seigneur est déjà là, comme son Royaume. Il nous le faisait déjà savoir Dimanche dernier en nous rappelant que “tout ce que nous faisions au plus petit de ses frères, c’est à Lui que nous le faisions”. (Mt 25, 40).
Veiller, ce n’est pas être passif comme lorsqu’on s’ennuie et qu’on “tue le temps”. Mais chaque rencontre vraie, chaque appel, chaque geste, chaque signe d’amitié, chaque parole bienveillante est manifestation de la présence du Seigneur et nous rendent bien vivants. De façon plus large, n’y a-t-il pas nombre de postes de veille à développer dans notre société où nous avons particulièrement à veiller ? Dans toutes les questions qui concernent la vie en ses débuts, en son cours : famille, éducation, travail, logement, partage des richesses au plan national et international, travail pour la paix… et en fin de vie. Veiller à la sauvegarde de la création. Que de chantiers !
Veiller, « parce qu’Il vient à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de Lui en suivant Son chemin » proclamait Isaïe à un peuple découragé. (Is 64, 4).
Frères et sœurs, qu’Il ne trouve pas notre foi en Lui « endormie ». De plus, veiller remplit la tête et le cœur de Sa Présence, voilée, certes, mais réelle, comme le Pain Eucharistié est le signe visible qu’Il se donne à nous.
Seigneur, en ce temps de l’Avent, tiens-nous en éveil ; augmente en nous la foi et fais-nous comprendre ce qui compte pour Toi, ce que Tu désires voir chez nous ; que nous aimions ce que Tu aimes et regardions avec Ton regard.
AMEN !