Homélie : Regardez le monde nouveau qui germe !
La Guérison du paralytique (Mc 2, 1-12)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
« Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? ».
En lisant les paroles du prophète Isaïe, je me demandais où pouvaient se trouver aujourd’hui les germes de ce monde nouveau qu’il annonçait. L’Évangile que nous venons de proclamer va nous en révéler un lieu.
Jésus est “à la maison”. Expression familière qui indique sans doute la maison de Pierre dont il avait guéri la belle-mère. Et qui dit “maison de Pierre” pourrait laisser entendre l’Église.
Un monde fou s’y rassemble pour écouter Jésus et sans doute se faire guérir. Tant et si bien qu’un pauvre paralysé ne peut l’approcher. Qu’à cela ne tienne, ses quatre amis ne se laissent pas décourager et pleins de foi, le hissent sur le toit et après l’avoir défait, le descendent devant Jésus. Qu’attendent-ils ? Qu’Il le guérisse, bien sûr ! Que fait jésus ? « Mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Double provocation de Jésus : Il ne répond pas, semble-t-il, à l’attente de ces quatre hommes et de leur ami ; de plus, Il pardonne les péchés !
Les scribes, assistant à la scène, réagissent aussitôt : « Cet homme blasphème ! » Et ils ont raison : qui peut pardonner les péchés sinon un seul, Dieu ! Jésus perçoit leurs raisonnements. Par une double question claire, Il veut leur ouvrir l’esprit. « Qu’est-ce qui est le plus facile ? De dire au paralysé : “ Tes péchés sont pardonnés ” ou bien de dire : “ Lève-toi, prends ton brancard et marche ? ”. Quel est donc celui dont la Parole est immédiatement efficace ? Le Créateur : « Il dit et cela est ». Alors, Jésus serait Dieu ? C’est ce qu’il montre l’instant suivant : « Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l’ordonne, dit-il au paralysé : lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi. L’homme se leva… » Sitôt dit de la part du Fils de l’homme, sitôt fait : le Fils de l’homme ne serait-il pas Dieu ? Voilà ce qui est montré aux assistants qui constatent en rendant gloire à Dieu : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »
Jésus vient d’accomplir le premier signe de ce monde nouveau annoncé par Isaïe : « Ce peuple que j’ai formé pour moi redira ma louange… Moi, je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même et je ne veux plus me souvenir de tes péchés » Is 43, 22.25 Les assistants s’ouvrent à la nouveauté qu’apporte Jésus. Elle est en germe puisque les péchés peuvent être pardonnés sur terre et que Dieu en reçoit la louange.
Il y a davantage dans ce récit. Pour dire “Lève-toi”, l’évangéliste a choisi le même mot qui désignera la résurrection : « égueirè ». En délivrant le paralysé, Jésus le “ressuscite”, non seulement physiquement mais spirituellement. Il le rend à la vraie vie, celle du monde nouveau qu’Il annonce par sa Parole, car en remettant ses péchés, Il le rétablit dans l’alliance avec son Père.
Chaque fois que nous nous tournons vers le Seigneur en demandant pardon pour nos nombreuses paralysies d’amour, et en particulier lorsque nous le faisons dans sa maison qu’est l’Église en recevant le sacrement de Pénitence et Réconciliation, chaque fois, Il nous rétabli dans l’Alliance de notre Baptême et nous fait entrer un peu plus dans ce monde nouveau bâti sur son amour.
« Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà… » Proclamait Isaïe. Paul nous dit aussi : « Il a mis sa marque sur nous, et il nous a fait une première avance sur ses dons : l’Esprit qui habite en nos cœurs » 2 Co 1, 22 Alors : « Ne le voyez-vous pas ? ».
AMEN !