Homélie : La toute puissance de l’amour qui ne peut rien sans nous !
L’Homme riche (Mc 10, 17-30)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Voici donc la célèbre rencontre de Jésus avec un homme, jeune chez St Matthieu, notable chez St Luc, les trois évangélistes s’accordant pour remarquer qu’il était riche. A la question qui semble essentielle à ses yeux : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus, en bon rabbin répond par une autre question : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? » Déroutant, n’est-ce pas ? D’autant plus déroutant que nous savons qu’Il est Dieu et qu’Il semblerait faire comprendre qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et que celui-là seul est bon. Ceux qui refusent de reconnaître la divinité de Jésus utilisent ce passage comme une preuve donnée par Jésus Lui-même. Eh bien précisément, Jésus nous révèle quelle est la nature du vrai Dieu : non pas Celui de nos rêves et de nos imaginations venant combler tous nos désirs ou nos frustrations, mais Celui qui s’est voulu tellement aimant, proche et respectueux de la liberté de l’homme, qu’Il renonce à sa toute-puissance pour ne lui proposer que son amour humble, acceptant même le refus à son appel. Ce faisant, dans ce même passage de l’Évangile, Jésus ne nous révèle-t-il pas son amour infiniment puissant : « Tout est possible à Dieu » ?
En Lui, aucun désir de possession, et c’est pourquoi, il répond quand même à son interlocuteur en le renvoyant au Décalogue (les dix Paroles) qu’il connaît bien, en les limitant d’ailleurs à ce que l’on pourrait qualifier de « loi naturelle ». Marc ajoute même un commandement qui n’est pas dans le Décalogue mais qui résume ceux énumérés : « Ne fais de tort à personne ». Bien utile !
L’homme riche déclare les observer tous depuis sa jeunesse, depuis sa Bar Mitsva, l’âge où il est devenu « fils d’Israël ».
Alors « Jésus, après avoir posé son regard sur lui, l’aima. » Étonnant ! Comme s’il ne l’aimait pas avant ! Voilà bien la manière de faire du Dieu Vivant qui attend notre bonne volonté et notre détermination ; partant d’elle, Il révèle ce qui manque pour accomplir en nous la plénitude de sa présence. Il manifeste un amour plus personnel. « Une seule chose te manque… » Que lui manque-t-il ? « Va ! » Ne reste pas dans l’état où tu es…; « Vends ce que tu as… » Dépossède-toi de ce que tu as : en fait, tu crois posséder toutes tes richesses, mais n’oublie pas qu’elles sont à Dieu et que tu n’en es que le gérant. Alors, imite ton Dieu : il s’est dépossédé de sa toute-puissance : tu viens d’en avoir un modèle sous tes yeux en la personne de Jésus. « Donne-le aux pauvres… » Puisque tu en as été le bon gérant, puisque tu es riche, fais-en profiter les pauvres. Tu donneras un plus grand sens à ta gérance et tu seras déjà en communion avec le ciel, c'est-à-dire Dieu Lui-même… : « Puis viens, suis-moi ! » Suprême invitation à entrer dans la démarche et l’intimité d’un Sauveur, Dieu, qui s’est fait notre frère et nous apprend à l’être avec tous. Que retenir de tout cela ?
1 - Cette belle affirmation du Père Varillon : « Dieu n’est tout-puissant que de la toute-puissance de l’amour ! ».
2 - Que toute relation aux autres doit être chaste, c'est-à-dire emprunte d’un infini respect pour ce qu’il est, ses projets, ses choix, et en particulier lorsque nous sommes en responsabilité dans une relation, notamment conjugale, parentale, éducative ou comme témoin du Christ, de son Évangile et de son Église.
3 - Que dans le rapport à nos biens et richesses de tous ordres, nous avons à nous situer en gérant et non en propriétaire. Cela a des répercussions en matière de partage avec de plus pauvres, en matière d’écologie, en matière d’équilibre de vie : nous voulons tellement tout faire, tout voir…
Mais ce que vous proposez est impossible !
« Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu » J’ajoute : « Parce qu’Il nous aime qu’Il ne veut rien faire sans nous et… que nous voulons l’aimer »
AMEN !