Homélie : « Je vous ferai pêcheurs d'hommes… »
L'appel des premiers disciples (Mt 4, 12-23)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes… ». Pour comprendre cette parole de Jésus, il nous est utile de connaître le milieu culturel et le contexte symbolique de la Bible dans lequel ces récits sont écrits. Il faudrait également pour cela que les textes liturgiques soient plus exacts dans leur traduction de l’original. Il est dit, en effet, juste avant l’appel de Jésus que celui-ci marchait au « bord de la mer » (Thalassa) et non du lac.
Pourquoi cette précision ? La mer, dans la pensée biblique a une signification toute particulière. Depuis les eaux primordiales et désordonnées de la Genèse, sur lesquelles tournoyaient le souffle de Dieu ; les eaux du déluge qui anéantirent toute vie devenue corrompue par la violence, où seul le juste Noé trouva grâce auprès du créateur ; la Mer Rouge, qui faillit engloutir Moïse, conduisant le peuple de Dieu vers la Terre Promise et qui se retourna contre ses agresseurs, les faisant périr ; Jonas, préservé de la noyade par un monstre marin le gardant trois jours en son ventre ; sans compter les nombreuses mentions de la mer et des eaux redoutables dans les psaumes… toutes ces évocations des eaux ou de la mer montrent qu’elles symbolisaient les forces du mal et de la mort qui menacent sans cesse la vie de l’homme. Ce n’est pas sans raison que Jésus commence son ministère au bord de la mer. Ne vient-Il pas pour sauver les hommes de tout ce qui les conduit à la mort physique, psychologique, morale et spirituelle ?
Parmi ces tendances mortifères, Paul en signalait une qui détruisait déjà la jeune communauté chrétienne de Corinthe par la division et les disputes de ceux qui se réclamaient de Paul, d’Apollos, de Pierre ou du Christ : comme si le Christ était divisé !
Ne croyait pas que cela soit de l’histoire ancienne car cette unité encore faut-il la demander, la chercher : le Christ, à la veille de mourir, a tant prié pour nous et pour que le Père nous la donne.
Cet esprit de division risque d’affaiblir l’annonce de l’Évangile au milieu de nous, auprès des générations qui montent et autour de nous.
« Je vous ferai pêcheurs d’hommes » pour apporter l’Esprit d’amour, de patience, de bienveillance, d’humilité, de maîtrise de soi et de foi du Père. Voilà la Bonne Nouvelle, l’Évangile que Dieu nous confie et qu’Il nous appelle à proclamer.
Merci à vous tous, qui au long de l‘année saisissez toutes les occasions, là où vous êtes, de construire l’unité telle que Jésus la souhaite autour de Lui en vivant son Évangile. AMEN !