Homélie : L’amour a eu le dernier mot !
Les femmes au tombeau (Mc 16, 1-8 ; Jn 20, 1-9)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Qu’y avait-il dans le cœur de ces trois femmes se rendant au tombeau s’acquitter des marques de respect que l’on doit à un défunt ? Sans doute étaient-elles désemparées. Ce défunt était leur maître, mais Il semblait avoir échoué car qui avait compris son message d’amour ? Il était resté bien seul et comme il gênait, on l’avait mis à mort. Elles vont aller de surprise en surprise : la pierre roulée qui les souciait, le tombeau vide, un jeune homme tout de blanc vêtu leur confiant un message à transmettre aux disciples et à Pierre. Elles repartent tremblantes, hors d’elles-mêmes et elles ont peine à croire ce qui leur arrive si bien qu’elles ne diront rien. Ont-elles perçu cette Bonne Nouvelle ?
Dans quelques instants, je vous poserai la question : « Croyez-vous en Dieu, le Père Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ? »
Dans un premier temps, il est simple de dire : « Je crois » tant il est vrai que ce que nous appelons la Création, la Nature, est belle et bonne, comme le chantait le livre de la Genèse en première lecture de notre veillée. C’est particulièrement sensible en ce début de printemps ou bien lorsqu’on regarde un petit enfant qui vient de naître ou encore des fiancés heureux de bâtir ensemble un avenir. On pourrait continuer ainsi de louer les merveilles dont nous sommes les heureux bénéficiaires avec la musique, les chants, les arts culinaires ou plastiques, les sports, les progrès scientifiques…
Mais à ce constat joyeux et reconnaissant, vient s’opposer tout un ensemble de choses et d’évènements qui gâchent cette image harmonieuse et bienfaisante : depuis les récents tremblements de terre et ses victimes jusqu’aux graves accidents de santé qui touchent nos proches, en passant par le lot quotidien de malheurs que les médias ne cessent de nous présenter. Pauvre humanité victime ou tortionnaire, blessée ou capable de faire elle-même, par égoïsme ou volonté de puissance tant de mal. Qui plus est, nous en sommes parfois complices ou même acteurs. Et Dieu qui semble absent et n’intervient pas ! Alors, Dieu est-Il le Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ? N’aurait-Il pas, Lui aussi, échoué, comme son Fils ?
Malheureux ceux qui n’ont que cette première affirmation du Credo : ils pourraient légitimement douter de Dieu comme le font tant de gens éprouvés. Heureusement, il y a la suite. « Je crois en Jésus-Christ... » Le Fils bien-aimé, expression du Père, manifestant son amour tout au long de son ministère et bien sûr, dans sa passion et sa mort. Cette mort croit avoir dit son dernier mot : Eh bien, non : c’est l’Amour qui aura le dernier mot. Jésus ressuscite d’entre les morts et inaugure le monde nouveau dans lequel Il nous invite à entrer dès à présent. Comment ?
Le Credo continue : « Je crois en l’Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » Celle de Jésus-Christ. Croyez-le ; Accueillez-le. Le Baptême vous a unit à Sa Vie. Il a fait de vous ses frères.
Non ! Dieu ne nous a pas trompé et Il ne s’est pas trompé. Ce qui est sûr, c’est qu’Il n’est pas puissant à la manière dont nous le rêvons. Sa toute-puissance n’est que celle de l’amour. « Ses voies ne sont pas nos voies ; ses pensées ne sont pas nos pensées » le faisait savoir tout à l’heure Isaïe (Is 55, 11).
Il est bien le Tout-puissant présent à sa Création, mais celle-ci dira St Paul dans la lettre aux chrétiens de Rome (Rm 8, 22), est actuellement « en douleur d’enfantement… à cause de celui qui l’a soumise » le malin, l’ennemi de l’homme, le Satan. Mais en chacun de nous, avec le Christ, plongés dans la mort à tout ce qui nous défigure, Dieu fait naître une créature nouvelle animée par son Esprit et nous configure à son Fils. Cette créature nouvelle est appelée à grandir jusqu’à franchir la mort avec Jésus. Alors, nous serons rassemblés auprès de Lui pour toujours.
Dieu a promis. Il a été fidèle à ses promesses tout au long de l’histoire que nous avons évoquée au cours de cette veillée et tout particulièrement en ressuscitant son Fils. Il nous sera fidèle.
AMEN !