Homélie : Désirer la venue de notre Défenseur, l’Esprit de Vérité
Le discours d'adieu de Jésus (Jn 15, 26-27 - 16, 12-15)

Cette homélie a été prononcée par le
Père Guy Lecourt, prêtre du diocèse de Versailles
Qui est ce “Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père” ? En grec, c’est le “Paraclet” de “para” qui signifie “à côté”, comme parabole, un récit que l’on jette, “ballo”, à côté de notre vie pour en découvrir le sens et de “clètos” qui signifie “appelé” et qui vient du verbe “kaléo” appeler, convoquer, comme dans “ekklésia”, l’assemblée de ceux appelés par le Christ qui constituent l’Église]. Le Paraclet est donc celui qui est appelé à côté de nous [en latin, “ad-vocatus”] pour souffler notre défense.
Mais de qui va-t-il nous défendre ? De trois ennemis.
D’abord, du monde. Dimanche dernier, Jésus disait aux disciples qu’ils n’étaient pas du monde, mais qu’ils étaient dans le monde. Pour définir le monde, on peut reprendre l’énumération de St Paul dans la lettre aux Galates que nous venons d’entendre : ce qui est débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, magie, haines, jalousie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre ; en un mot tout ce qui déshumanise. Le Paraclet nous en défend et produit en nous des fruits qui sont amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi… L’esprit du monde agresse continuellement bien des aspects de la vie que les chrétiens proposent ; la dérision, l’hostilité, la haine et le mensonge sont ses armes. Mais les saints, comme Jésus face à ses adversaires, ont souvent désarmé leurs accusateurs par une sagesse inspirée. Ainsi la petite Jeanne d’Arc à qui ses juges ecclésiastiques demandaient si elle était en état de grâce répondit : « Si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu m’y mette ! »
Le deuxième ennemi, c’est nous-mêmes, lorsque nous nous laissons aller à nos pulsions et notre égocentrisme, mais aussi, au mépris ou rejet de nous-mêmes, parce que nous n’acceptons pas nos limites, nos imperfections ; que nous nous sommes faits une trop haute idée de nous-mêmes, qui ne correspond malheureusement pas à la réalité de ce que nous sommes. Là encore, le Défenseur produit en nous les fruits de maîtrise de soi et d’humilité.
Enfin, le dernier ennemi, c’est Dieu ou plutôt, l’image que nous nous en faisons : tantôt juge sévère et exigeant, tantôt “bon-papa gâteau” laissant un peu tout faire. Le Paraclet nous guidera vers la vérité toute entière. Il nous permettra d’entrer dans l’intelligence profonde du Christ, de sa mission, de son don pour nous tous, de l’amour du Père qui surpasse tout ce que l’on peut imaginer et donne sens à nos vies. L’achèvement de l’œuvre du Fils se fait maintenant par l’Esprit-Saint. C’est Lui qui révèle qui est vraiment Jésus et en révèle la gloire. Mais dans le même souffle, il nous fait les dons nécessaires à une vie de chrétien authentique dans le monde, mais non pas du monde. Voilà pourquoi il est bon de l’appeler tous les jours et en particulier lorsque nous avons des choix et des décisions importantes à prendre ou des échanges délicats à mener à bien. Ne l’avons-nous pas reçu au Baptême et pour beaucoup à la Confirmation ?
AMEN !