Catéchèse : L'Epiphanie, une histoire de fous

Quand des hommes se mettent à l’écoute de l’Enfant de Bethléem, c’est toujours une « histoire de fous ». 2000 plus tard, on en parle encore, on en vit encore !...
Texte publié dans l'Église aujourd'hui à Marseille du 1er janvier 2006
En ce début janvier, les vitrines des pâtissiers sont remplies de ces galettes qui ont le pouvoir de faire de nous, pendant quelques instants, des rois sans sujet et sans royaume ! On « tire les rois » !
Mais n'a-t-on pas le droit d'être un peu surpris en pensant que, pour beaucoup, l'Épiphanie est ravalée à une histoire de galette... alors qu'il s'agit d'une histoire de fous ! Folie de Dieu qui vient au cœur de notre histoire et qui nous parle en son Fils Jésus-Christ, Parole de Vie et d'Espérance.
Folie de l'homme à l'image de ces notables, de ces savants, membres de plusieurs académies scientifiques qui, au seul vu d'une étoile qui les intriguait, se mettent en marche vers une destination inconnue à la manière d'Abraham : « Pars vers le pays que je te montrerai... ». Leurs amis les traitèrent sans doute d'idéalistes, de rêveurs. Certains ont pensé que ces astrologues étaient vraiment « dans la lune » ! Eux songeaient à cette « étoile de Jacob » dont un vieil oracle faisait le signe annonciateur du Messie à venir (Nb 24, 17). Selon la sagesse humaine, jamais ils n'auraient dû partir. Mais la sagesse des hommes n'a rien à voir avec celle de Dieu.

L'étoile qu'ils avaient suivie, voici qu'elle leur faisait rencontrer un Enfant qui va se manifester comme le Christ-Roi, Lumière des nations, Sauveur de tous les hommes, celui vers qui affluent les trésors des nations :
« Les rois de Tarsis et des Îles enverront des présents, les rois de Saba et de Seba paieront le tribut » (Ps 72)
Que croyez-vous que firent ces messieurs importants ? Regardèrent-ils cet enfant avec condescendance ? Non. Ils se mirent à genoux. Ils n'ont pas prononcé une parole historique, ni ameuté reporter ou journaliste. Ils adorèrent l'Enfant en silence.
« Les nomades s'inclineront devant lui, tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront » (Ps 72).

Et cependant ces gens-là ne faisaient pas partie du peuple élu. Or voici que les barrières de races s'estompent, les frontières de peuples disparaissent, le monde est rassemblé dans le Christ, tout homme a droit à la lumière qui vient de lui. Avec lui, ils vont prendre un « autre chemin », celui de la conversion du coeur.
Quelle aventure ! C'est toujours une « histoire de fous » quand des hommes se mettent à l'écoute de cet Enfant de Bethléem. Folie de la Foi. Folie de la Croix. Folie de l'Amour.
Alors « tirons les rois » ! Mais n'oublions pas ce que signifie cette fête : à la sage prudence des hommes, préférons la folle audace de Dieu qui nous appelle à prendre la route avec lui. À la lassitude des blasés, préférons la folie de ceux pour qui une étoile a encore un sens. N'imitons pas le peuple de Bethléem qui, devant les interrogations des Mages, n'a rien trouvé d'autre à répondre que d'être ébahi, d'ouvrir de grands yeux et de se demander d'où pouvaient tomber ces gens-là.
Pour nous, soyons fous de la folie de l'Amour de Dieu.
