Catéchèse : L'Icône de la Nativité

Dans cette Nuit de Noël, après un détour par la crèche, nous contemplons le "Mystère de l’Incarnation", Mystère du Fils de Dieu, Créateur des univers, hors du temps et de l’espace, entrant dans une Histoire et sur une Terre, en vrai Homme…
Voici une icône de la Nativité qui va nous permettre d'entrer dans ce Mystère de Noël.
D’après le livre « La prière de Noël » de Claude et Jacqueline Lagarde, Ed. Mame.
Dans cette Nuit de Noël, après un détour par la crèche, nous contemplons le "Mystère de l’Incarnation", Mystère du Fils de Dieu, Créateur des univers, hors du temps et de l’espace, entrant dans une Histoire et sur une Terre, en vrai Homme.
Tout d’abord, il est bon de se rappeler que le mot "Mystère" vient d’une racine grecque qui signifie "éblouissement". Autrement dit, de même que nous ne pouvons voir avec nos yeux le soleil, de même nous ne pouvons voir/comprendre le Mystère de l’Incarnation. Est-ce à dire qu’il n’y a rien à comprendre ? Non, bien sûr : un Mystère de notre foi, c’est ce que nous n’aurons jamais fini de comprendre, mais qui éclaire, comme le soleil, les choses importantes de nos vies et de notre monde et leur donne une signification.
La Tradition Orientale a tenté d’exprimer en images ce Mystère de l’Incarnation. Voici une icône de la Nativité du 15ème siècle, de l’école de Novgorod, en Russie. Par suggestions le théologien, guidant l’artiste, va nous conduire vers des éléments qui nous permettront de commencer à comprendre le Mystère de Noël. ![]() L’icône de la Nativité se présente d’abord comme une montagne toute dorée. Elle est comme un miroir en lequel la lumière de Dieu se reflète. |
Un triple rayon se détache des cieux obscurs, puis se divise en trois avant de se poser sur l’enfant couché dans la crèche. Le Seigneur vient sur terre : Il naît. Au départ des rayons, comme un astre immobile au-dessus de l’enfant. C’est une colombe, l’Esprit, astre attendu, étoile désirée, lumière promise. Le mage Balaam l’avait prophétisé. (Nb 24,17) La colombe nous fait comprendre la véritable nature de l’astre : Trinité lumineuse qui éclaire les cœurs et indique la blancheur de l’enfant. ![]() |
Le nouveau-né est une tache blanche dans la nuit d’une grotte profonde. Son visage, auréolé de la croix, est déjà adulte. Regardez bien : son berceau a plus l’aspect d’un tombeau que d’une mangeoire ; il est entouré de bandelettes comme un mort. C’est que nous ne sommes plus dans le descriptif, mais dans l’évocation du Mystère qui nous invite à chercher un sens à ce que nous voyons. Ce petit enfant-Dieu est Celui venu dans le monde partager notre existence, dans les mêmes conditions que nous ; il quittera ce monde en remettant l’Esprit avant d’être déposé au tombeau. Il a pris jusqu’au bout notre condition humaine : qui est-Il ce Dieu là ? ![]() |
Deux bêtes habitent la grotte, leur étable. Ce sont l’âne et le bœuf ; ils ont le museau sur la mangeoire, les yeux fixés sur l’enfant couché à l’endroit de leur nourriture, lui le pain vivant descendu du ciel. Dans l’obscurité de la grotte, ils regardent Jésus, ne s’en détournent pas comme s’ils comprenaient le mystère, comme s’ils devinaient que « ce corps est vraiment nourriture. » (Jn 6,55) ![]() Les deux animaux semblent illustrer le début du livre d’Isaïe : « Cieux écoutez ; terre prête l’oreille, car le Seigneur parle. J’ai élevé et fait grandir des fils mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf reconnaît son bouvier et l’âne la crèche de son maître. Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend rien. » (Is 1,2-3) Créatures de Dieu, ils comprennent ce que nous avons du mal à croire, nous, l’Israël de Dieu, nous, peuple pécheur : le Mystère de la venue du Seigneur sur la terre. Cette nuit, le bœuf, animal pur et l’âne animal impur sont tous deux à côté du Seigneur : le juif et le païen réconciliés auprès du Sauveur. |
A la droite de l’enfant couché, un berger sonne de la trompette. Face à un arbre fruitier cassé par l’homme (Gn 3), ravagé par les renards du désert. (Ct 2,15) Il appelle, il avertit. Son regard fixe le haut de l’arbre malade, il a vu naître un nouveau rameau qui pointe vers le haut. « Un rejeton sort de la souche de Jessé, un surgeon pousse de ses racines. Sur lui repose l’esprit du Seigneur. » (Is 11,1-2) Le berger a bien vu : l’enfant est né. ![]() |
Au centre de l’Icône, la Vierge Marie. Elle vient de mettre au monde son fils, premier-né ; et chose étonnante, elle lui tourne le dos, alors qu’on attendrait plutôt une jeune maman toute attendrie serrant son premier enfant contre elle ! Elle regarde vers les mages. Elle semble les attendre, elle nous attend pour nous faire entrer dans le Mystère. ![]() Les trois mages arrivent du soleil levant. Leur ancêtre Balaam n’avait-il pas annoncé qu’un astre se lèverait sur Jacob ? (Nb 24,17) Ils l’ont suivi et les voilà apportant à l’enfant l’or, comme à un roi ; l’encens, comme à un Dieu ; et la myrrhe, comme à un mort. Ils sont les savants de cette époque, qui viendront reconnaître humblement devant ce petit d’homme que toute leur science n’est que peu de choses devant la sagesse et l’amour de Dieu. |
De l’autre côté, en bas à gauche, deux femmes : l’une puise de l’eau dans un bassin, l’autre tient un nouveau-né dans ses bras. Qui sont-elles ? Deux sages-femmes. Elles nettoient l’enfant Jésus, qui vient de naître comme tous les nouveaux-nés. Jésus, bien que l’égal du Père, Dieu, est entré dans notre humanité de chair et de sang : il aura faim, soif ; il aura chaud, il sera fatigué, il souffrira comme tous les humains, il mourra. Dieu se faisant homme ne triche pas. ![]() |
En bas, à gauche, un homme, seul : qui est-ce ? Joseph ! Il semble tout absorbé dans ses pensées. Comprend-il ce qui arrive ? Que doit-il faire de cet enfant, qui n’est pas son enfant ? Marie lui a certainement révélé son origine divine, mais quelle foi et quelle confiance lui est demandé dans toute cette aventure ! Et devant lui se tient justement un homme voûté, vieux comme le monde, déguisé en berger, caressant un arbre : cet arbre qui a provoqué la chute du premier homme, va-t-il de nouveau faire douter Joseph, le juste ? Ce vieil homme tordu, c’est le malin. ![]() Mais Dieu l’a devancé. Il a demandé à Joseph de donner à l’enfant de Marie, sa fiancée, le nom de Jésus, "Dieu sauve" et de le faire ainsi entrer dans la lignée de David, dont il est descendant. Grâce à son "oui", Joseph permet que Dieu réalise la prophétie de Nathan, faite il y a mille ans au roi David. Lui aussi, par sa foi, nous fait entrer dans le projet d’Amour de Dieu, Emmanuel, "Dieu avec nous". |
A gauche et en haut de l’icône : deux anges. Ils sont debout, l’un face à Dieu, face à la sphère obscure qui le représente ; l’autre fixe la colombe, l’astre lumineux posé au-dessus de l’enfant. La main du premier est voilée en signe de profond respect, la main du second désigne l’origine divine de toute création. ![]() |
Un troisième ange à droite sur l’icône s’incline profondément devant le premier-né de la crèche ; il se penche jusqu’à terre, rendant hommage au Fils qui reste Dieu dans son humanité même, c’est sa gloire. « Il est grand le Mystère de la foi ! » ![]() |
Ainsi avec cette Icône, il nous est donné de contempler le mystère et d’entrer dans la façon d’aimer de Dieu. |
