Catéchèse : Les figures bibliques de Jésus souffrant

Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ! », aimait à dire saint Jérôme. Depuis Abel, Isaac, Joseph, en passant par Moïse, David, Jonas, jusqu’au mystérieux serviteur souffrant d’Isaïe, parcourez les grandes figures de la Bible qui annoncent le Christ en sa passion. A travers les commentaires des Pères de l’Église, l’Ancien Testament est éclairé à la lumière du Christ.
A la lumière du Christ, l’Ancien Testament s'est éclairé.
Nous pouvons Le découvrir à travers quelques grandes figures bibliques
qui nous parlent déjà de Lui, particulièrement de son chemin vers la Croix.
Les Pères de l’Eglise sont familiers de cette lecture de la Bible,
ils nous aident à en découvrir la richesse.

Abel
Ancien Testament
« Caïn dit à son frère Abel : "Allons dehors", et, comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. » Gn 4,8

Nouveau Testament
Le meurtre d’Abel, l’innocent, par son frère Caïn, nous parle de la mort de Jésus. Lui, le seul juste, nous l’avons mis à mort. Il est venu habiter de sa présence la souffrance de l’innocent persécuté, bafoué et supprimé.
« Tout ce que fit Abel et tout ce qu’il pâtit est signe et figure de notre Seigneur Jésus-Christ… Abel, après son sacrifice, est appelé dehors par son frère mauvais, puis tué : cela parce qu’au soir de la sainte Cène, notre Seigneur Jésus Christ, prêtre et victime, offert de ses propres mains, agréé en odeur de suavité, fut livré par le disciple dégénéré, entraîné hors de la ville et crucifié. Voilà ce que nous dit Abel : mort, il parle encore (cf. He 11,4). » Rupert de Deutz (1075-1129)
Isaac
Ancien Testament
« "Abraham ! Abraham ! (…) N'étends pas la main contre l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique." » Abraham éleva l'autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l'Ange de Yahvé l'appela du ciel et dit : "Abraham ! Abraham !" Il répondit : "Me voici !" L'Ange dit : "N'étends pas la main contre l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique.Gn 22,9

Nouveau Testament
« Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous. Comment avec lui ne nous accordera-t-il par toute faveur ? » Rm 8,32
« Il a été proclamé d’Abraham qu’il craignait Dieu. Pourquoi ? parce qu’il n’a pas épargné son propre fils. Pour nous, rapprochons cela des paroles de l’Apôtre, qui dit de Dieu : Il n’a pas épargné son propre fils mais il l’a livré pour nous tous. » Vois comment Dieu rivalise magnifiquement de générosité avec les hommes : Abraham a offert à Dieu un fils mortel sans qu’il en meure ; Dieu, pour les hommes, a livré à la mort un Fils immortel. » Origène (185-253)
Joseph, maltraité par ses frères
Ancien Testament
« "Maintenant, venez, tuons-le et jetons-le dans n'importe quelle citerne ; nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré." » Joseph partit en quête de ses frères et il les trouva à Dotân. Ils l'aperçurent de loin et, avant qu'il n'arrivât près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir. Ils se dirent entre eux : "Voilà l'homme aux songes qui arrive ! Maintenant, venez, tuons-le et jetons-le dans n'importe quelle citerne ; nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré. Gn 37,18-20

Nouveau Testament
Joseph est méprisé, jalousé, trahi, vendu par ses frères. Il est la figure de Jésus, méprisé, jalousé, trahi et vendu par Judas. Dans cette situation désespérée, Joseph s’abandonne avec confiance entre les mains de Dieu qui fait tourner au bien les mauvais vouloirs de ses frères, comme il fera jaillir la vie de la mort de Jésus. Devenu prospère en Egypte, Joseph sauvera les siens de la famine.
Joseph, vendu par ses frères
Ancien Testament
« Ils vendirent Joseph aux Ismaélites pour vingt sicles d'argent et ceux-ci le conduisirent en Egypte. » Or des gens passèrent, des marchands madianites, et ils retirèrent Joseph de la citerne. Ils vendirent Joseph aux Ismaélites pour vingt sicles d'argent et ceux-ci le conduisirent en Egypte. Gn 37,28

Nouveau Testament
« Cette histoire montre la bonne disposition de Joseph et la volonté cruelle de ses frères, mais elle est arrivée aussi comme une figure de l’avenir, comme une ombre qui longtemps d’avance dessinait la vraie réalité. De même que Joseph alla vers ses frères pour les « visiter », et qu’eux-mêmes n’ayant égard ni à ses liens avec eux ni à ses bonnes intentions pensèrent d’abord à le tuer puis le vendirent aux étrangers, ainsi Notre Seigneur, comme s’il imitait l’affection fraternelle, descendit visiter la race des hommes, et prenant la forme de notre chair daigna se faire notre frère… mais des ingrats crucifièrent celui qui était venu pour notre salut. » St Jean Chrysostome (349-407)
Moïse et le serpent de bronze
Ancien Testament
« Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui répondit : "Façonne-toi un serpent brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. » Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël. Le peuple vint dire à Moïse : "Nous avons péché en parlant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu'il éloigne de nous ces serpents." Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui répondit : "Façonne-toi un serpent brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie." Moïse façonna donc un serpent d'airain qu'il plaça sur l'étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il regardait le serpent d'airain et restait en vie. Nb 21,6-9

Nouveau Testament
« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle. » Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle.Jn 3,14
« Tous ceux qui levaient leur regard vers le serpent d’airain étaient guéris ou protégés et avaient la vie sauve. Le Christ élevé de terre donne la vie de Dieu à tous ceux qui lèvent les yeux vers lui et qui croient en lui. » (Mgr J.M Lustiger)
« Que signifie le serpent élevé sur le bois ? La mort du Seigneur en croix : la mort étant venue par le serpent, elle est figurée par l’image du serpent. La morsure du serpent donne la mort, la mort du Seigneur donne la vie. On regarde le serpent pour que le serpent n’ait plus aucun pouvoir. Qu’est ce à dire ? Pour que la mort n’ait plus aucun pouvoir, on regarde la mort. Mais la mort de qui ? La mort de la Vie. Peut-on dire la mort de la Vie ? Oui, précisément, on peut le dire et l’expression est admirable. Pourquoi ne pourrait-on pas dire ce qui a pu se faire ? Hésiterai-je à dire ce que le Seigneur a daigné faire pour moi ? Le Christ n’est-il pas la Vie ? Et pourtant le Christ a été crucifié. Le Christ n’est il pas la Vie ? et pourtant le Christ est mort. Mais dans la mort du Christ, la mort fut mise à mort parce que la Vie frappée à mort a tué la mort. La plénitude de la Vie a dévoré la mort ; la mort a été engloutie dans le corps du Christ.» St Augustin (353-430)
David, le Chantre de Dieu
Ancien Testament
« Tu n’a voulu ni sacrifice ni oblation, mais tu m’as façonné un corps, tu n’as agréé ni holocauste ni sacrifice pour les péchés, alors j'ai dit : Voici, je viens, pour faire ta volonté… » Ps 40 (39), 7 (LXX)

Nouveau Testament
« Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière : "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. » Mt 26,39
Tout au long de sa vie terrestre, Jésus a voulu n’être que oui à la volonté du Père. Par amour, il s’y est livré totalement, jusqu’au bout.
« " Tu n’as voulu ni sacrifices… " Ici, le prophète inspiré (David) met en scène le Fils unique qui pour nous a revêtu la forme d’esclave : "O Père, je viens, prenant le corps que tu as fait pour moi. Je m’offre, victime immaculée, je mets fin aux rites qui ne peuvent effacer le péché." L’Evangile dit symétriquement : "Je suis descendu du ciel pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé" (A la vue du signe qu'il venait de faire, les gens disaient : " C'est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde. " Alors Jésus, se rendant compte qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul. Jn 6,38) » St Cyrille d’Alexandrie (380-444)
Le serviteur souffrant d’Isaïe
Ancien Testament
« Dans ses blessures nous trouvons la guérison… Comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, il n'ouvrait pas la bouche… Il portait le péché des multitudes… » Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche. C'est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes, et avec les puissants il partagera le butin, parce qu'il s'est livré lui-même à la mort et qu'il a été compté parmi les criminels, alors qu'il portait le péché des multitudes et qu'il intercédait pour les criminels. Is 53,5.7.12

Nouveau Testament
« "Voici l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde." » Jean-Baptiste voit Jésus venir vers lui et il dit : "Voici l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde".Jn 1,29
« Ma vie, personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre. » Jn 10,18
« "Le Christ Jésus, de condition divine s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave. Il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix." (Ph 2,6) Voilà la véritable image du Messie, du Fils de Dieu, du Serviteur du Seigneur ! » (Jean Paul II)
« Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ. C’est lui, l’agneau muet ; c’est lui, l’agneau égorgé ; c’est lui qui est né de Marie, la brebis sans tâche ; c’est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n’ont pas été brisés ; dans la terre, il n’a pas connu la corruption ; il est ressuscité d’entre les morts et il a ressuscité l’humanité gisant au fond du tombeau » Méliton de Sardes (mort avant 190)
Jonas
Ancien Testament
« Tu m'avais jeté dans les profondeurs, au coeur de la mer. Mais de la fosse tu as fait remonter ma vie, Seigneur, mon Dieu. » Tu m'avais jeté dans les profondeurs, au coeur de la mer, et le flot m'environnait. Toutes tes vagues et tes lames ont passé sur moi. A la racine des montagnes j'étais descendu, en un pays dont les verrous étaient tirés sur moi pour toujours. Mais de la fosse tu as fait remonter ma vie, Seigneur, mon Dieu.Jon 2,4.7

Nouveau Testament
« Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le venture du monstre, de même le fils de l’homme fut trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre. C’est lui, le vrai Jonas, qui offrit sa vie pour notre rédemption ! » (Ambroise de Milan)
« Jésus dormant dans le navire présentait l’image du mystère du Seigneur : car le matériau du navire signifiait la croix, et le sommeil la passion. Le sort a livré Jonas pour qu’il soit précipité à la mer, la prophétie a annoncé à l’avance que le Seigneur souffrirait. Le monstre, sans aucun doute, c’est l’enfer : de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du monstre et qu’une fois rejeté il s’est rendu à Ninive, de même le Seigneur après sa résurrection s’est rendu à Jérusalem avant de se rendre au ciel. » Zénon de Vérone (mort vers 380)
La Résurrection

Et le troisième jour,
Il ressuscitera !
« La première des créatures criait du fond de l’abîme : "Mon Dieu, arrache-moi à l’enfer par la résurrection !". Mais le Christ, qui est la vie, vint leurrer la mort. L’enfer reçoit le Christ, comme chacun des fils de la terre ; il dévore comme un appât le pain du ciel, il est blessé par l’hameçon de la divinité. Et l’enfer poussa des cris douloureux : "je suis percé au ventre ! Celui que j’ai dévoré, je ne le digère pas. Quel étrange aliment m’a procuré ce que j’ai mangé ! De deux que je mangeais autrefois, pas un ne m’avait incommodé. Peut-être ce mort est-il celui qu’Adam m’avait annoncé en disant : Il te fustigera, lorsqu’il viendra par la résurrection ? (…) Ainsi Jonas au troisième jour fut vomi par la bête. Moi aussi je vais vomir le Christ et tous ceux qui sont du Christ. » Romanos le Mélode (1ère moitié du VIème siècle)