Catéchèse : Marie au pied de la Croix

« Au pied de la Croix se tenait sa mère », note l'Evangéliste Saint Jean. Brisée en son cœur, forte en sa volonté. Le Consentement de la Vierge est total. Elle s'unit aux souffrances et à la mort du Christ pour le Salut de tous les hommes.
Extrait du livre « Marie, mère du Christ et de l’Eglise » publié aux Editions Xavier Mappus
La Compassion de Marie

On n’imagine pas que Marie ne soit pas à la Passion : Jésus lui avait laconiquement annoncé son Heure, à Cana. Or, cette Heure, Il la vivait, maintenant, dans la Crucifixion, elle aussi la vivrait brisée en son cœur, forte en sa volonté. Marie ne L’avait-elle pas engendré pour cette Heure, celle du Salut du monde ? Entourée de Marie, femme de Clopas, de Marie de Magdala et de Jean, dans un dessein divin, « elle était debout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son Sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour » (Lumen Gentium, 58). Le Consentement de la Vierge est total, d’une fidélité vivante au Fiat initial. Ce Fiat contenait mystérieusement ce terme, cette mort, ce sommet : aussi s’unit-elle aux souffrances et à la mort du Christ pour le Salut de tous les hommes, non pas quelle ajoute quoi que ce soit aux mérites pléniers, amplement suffisants du Christ ; mais avec le Christ, à sa place de « rachetée », d’Immaculée, de Mère, elle offre activement la Passion du Christ et sa propre Compassion, pour que les hommes accueillent le Salut que le Christ leur obtient dans un débordement de douleur jusqu’au bout de l’Amour : la mort.
St Paul écrivait : « J’achève en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l’Eglise » (Col. 1,24). A plus forte raison, Marie Vierge et Mère entre-t-elle, le mieux qu’il est possible à une créature humaine, dans cette participation à la Passion du Christ, pour qu’effectivement, dans le Mystère du Corps Mystique, la grâce du Seigneur puisse porter ses fruits de salut, dans le cœur et la vie des hommes… sur la terre et pour le ciel.
Voilà ta Mère
L’Evangile de St Jean, outre la présence de Marie « à la Croix de Jésus », note les dernières volontés du Christ : « voyant sa Mère et, près d’elle, le disciple qu’il préférait, Jésus dit à sa Mère : « Femme, voilà ton fils ». Puis, il dit au disciple : Voilà ta Mère. Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui ». Intention la plus délicate de Jésus à l’égard de sa Mère et de son disciple le plus aimé. Il ne les abandonne pas, Il les confie l’un à l’autre, dans l’oubli de Lui-même : c’est à eux qu’Il pense. Mais, en même temps, n’est-ce pas l’aveu qu’Il s’en va, que son Heure – la dernière – est arrivé, sans rémission aucune ? aussi cette délicatesse devait être en même temps, pour Marie et Jean, le signe douloureux de la mort toute proche. Pour eux aussi, « tout est consommé ».

On s’est demandé ce que Jean représentait ; on a souvent dit qu’il symbolisait l’ensemble des hommes, remis par Jésus à la garde et protection de sa Mère. Aujourd’hui, on porte plutôt l’attention sur Marie et on verrait volontiers en elle l’Eglise accueillant en Jean les disciples de Jésus. Ce qui est sûr, c’est que Marie nous aime du même amour fondamental qu’elle porte à Jésus. Dans sa Foi, elle sait que Jésus nous aime et meurt pour nous, qui que nous soyons ; dans sa Foi, elle participe à l’Amour que le Christ porte à tous les hommes, en qui elle voit des rachetés de son Fils ; dans sa Foi, elle aime dans son Fils unique, tous les baptisés, comme des frères du Christ et des fils de Dieu : Marie nous offre à tous l’accueil maternel qu’elle donne à Jean. Et Jean la reçoit chez lui, d’un cœur filial : il nous est un exemple pour accueillir Marie chez nous, en notre amour, en notre vie.

Marie est notre Mère
En Jésus, nous sommes ses fils. Le Concile précise : « Elle engendre son Fils dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères (Rm 8,29), c’est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel » (Lumen Gentium, 63). Marie, Mère du Christ, est donc aussi Mère des hommes : non en un sens métaphorique ou moral, mais réellement, en esprit et en vérité : en engendrant Jésus, en l’offrant au Père à la Croix, elle coopérait activement à notre naissance à la vie du Christ.

Pourrions-nous oublier la Vierge ? Elle est librement et généreusement active dans notre filiation divine, de par l’Incarnation et la Rédemption de son Fils ; on aime une Mère, celle par qui nous vient son Fils et la vie divine de son Fils ; on l’aime tendrement, et, avec celle qui nous donne Jésus, on veut aimer Jésus. Elle nous le donne toujours, car elle garde éternellement son Fiat à la Maternité du Sauveur et à notre naissance de fils de Dieu. A Jésus par Marie. Jésus aime sa Mère, Il aime toujours sa Mère : pour bien L’aimer, il nous faut les sentiments de Jésus, de reconnaissance, de délicatesse, d’abandon. A Marie avec Jésus.