Repères liturgiques : La Vigile pascale
La célébration annuelle de la mort et de la résurrection du Christ culmine dans la Nuit pascale, « nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s’est relevé, victorieux, des enfers. » Cette assemblée liturgique est, selon le mot de saint Augustin, « la mère de toutes les veillées » : l’Eglise veille dans l’attente de la résurrection du Seigneur et elle la célèbre par les sacrements de l’initiation chrétienne.
1. Ouverture solennelle de la veillée : le feu nouveau et le cierge pascal
On préparera dans un endroit approprié, en dehors de l’église autant que possible, un bûcher pour la bénédiction du feu nouveau, dont la flamme soit capable de dissiper les ténèbres à l’entour et d’illuminer la nuit.
On préparera le cierge pascal. Pour la vérité du signe, il doit être fait de cire, nouveau chaque année, unique, d’une grandeur suffisamment remarquable, et jamais un pseudo-cierge, pour qu’il puisse évoquer le Christ, lumière du monde. » Lettre circulaire sur la Préparation et la Célébration des Fêtes pascales de la Sacrée Congrégation pour le Culte Divin, De festis paschalibus, 16 janvier 1988. (De festis paschalibus n° 82)
- Le peuple se réunit hors de l’église à l’endroit où l’on a préparé le feu, chacun s’étant muni d’un cierge. Si le rassemblement ne peut se faire dehors, les fidèles gagnent directement l’église et ils s’y groupent autant que possible près de l’entrée, afin de pouvoir ensuite s’avancer en procession derrière le cierge pascal vers le lieu de la liturgie de la Parole.
Bénédiction du feu et préparation du cierge pascal
- Lorsque le peuple est rassemblé, le prêtre se rend près du feu avec les ministres, dont l’un porte le cierge pascal. Il salue l’assemblée et lui explique brièvement le sens de la veillée de cette nuit. Il dit par exemple :
Nous allons donc commémorer ensemble la Pâque du Seigneur en écoutant sa parole et en célébrant ses sacrements, dans l’espérance d’avoir part à son triomphe sur la mort et de vivre avec lui pour toujours en Dieu. »
- Le prêtre bénit le feu. Puis on allume le cierge pascal avec une flamme provenant du feu nouveau.
Procession
Du cierge pascal, la lumière se répand progressivement aux cierges que tous tiennent en main, les lumières électriques demeurant encore éteintes. » (De festis paschalibus n° 83)
- Le diacre, ou à son défaut le prêtre, prend le cierge pascal, le tient élevé et chante :
Lumière du Christ !
- Le peuple répond :
Nous rendons grâce à Dieu !
Tous s’avancent ensuite vers l’église, à la suite du diacre portant le cierge pascal et du prêtre.
- A la porte de l’église, le diacre s’arrête et chante à nouveau :
Lumière du Christ !
Le peuple répond :
Nous rendons grâce à Dieu !
- On allume alors les cierges de tous les fidèles
à la flamme qui provient du cierge pascal, puis tous pénètrent dans l’église.
Lorsque le diacre arrive à l’autel, il chante une troisième fois :
Lumière du Christ !
Le peuple répond :
Nous rendons grâce à Dieu !
On peut alors allumer les lumières de l’église.
Annonce de la Pâque
- Tandis que le prêtre gagne le lieu d’où il présidera l’assemblée, on place le cierge pascal sur un chandelier, près de l’ambon (c’est-à-dire le lieu de la proclamation de la Parole de Dieu).
-
Tous prennent place et demeurent debout avec leurs cierges allumés pour écouter l’Annonce solennelle de la Pâque dans le chant de l’Exsultet.
En cas de nécessité, à défaut de diacre, et si le prêtre célébrant lui-même n’est pas en mesure de l’exécuter, on confiera l’Annonce de la Pâque à un chantre. » (De festis paschalibus n° 84)
- On peut conclure l’annonce de la Pâque par un chant d’acclamation.
- Tous éteignent ensuite leur cierge et s’assoient.
2. Liturgie de la Parole
- Durant les lectures, l’assemblée est éclairée par le cierge pascal : il brille auprès du lecteur, telle la nuée lumineuse qui guida le peuple juif dans son cheminement vers la terre promise, tel surtout le Christ, qui illumine le monde de sa clarté.
-
L’Eglise propose neuf lectures, à savoir sept de l’Ancien Testament et deux du Nouveau (l’épître et l’Evangile). On ne fera jamais moins de deux ou trois lectures de l’Ancien Testament. L’une d’entre elles consistera toujours dans
le récit de l’Exode
(lecture 3).
- Avant le commencement des lectures, le prêtre expose au peuple l’importance de la liturgie de la Parole dans la veillée pascale. Il dit par exemple :
Lectures de l’Ancien Testament
- Selon l’antique usage qui remonte aux premiers siècles de l’Eglise, le chant du psaume est conclu par une prière dite par le prêtre auquel tous s’associent en se levant et en répondant :
Amen.
- Lecture 1 : La création de la nature et de l’homme (Gn 1,1-2,2)
Psaume 103 ou Psaume 32
Prière du célébrant (tous se lèvent, après chaque psaume, pour la prière de conclusion)
- Lecture 2 : Sacrifice et délivrance d’Isaac, le fils bien-aimé. (Gn 22,1…18)
Psaume 15
Prière du célébrant
- Lecture 3 (obligatoire) : Libération d’Israël par le passage de la mer Rouge (Ex 14,15 – 15,1)
Cantique de Moïse (Ex 15,1…18) : A la fin de la lecture, on enchaîne immédiatement le cantique de Moïse, qui suit. Dans les assemblées où l’on ne pourrait pas chanter ce cantique, le lecteur omettrait le dernier verset de la lecture (Alors Moïse…), et on chanterait le Ps 135.
Prière du célébrant
- Lecture 4 : L’amour de Dieu pour Jérusalem, son épouse (Is 54,5-14)
Psaume 29
Prière du célébrant
- Lecture 5 : Le mystère de l’eau et de la Parole (Is 55,1-11)
Cantique : Is 12,2…6
Prière du célébrant
- Lecture 6 : Dieu offre aux hommes la vraie sagesse (Ba 3,9-15.32 – 4,4)
Psaume 18
Prière du célébrant
- Lecture 7 : Le cœur nouveau et l’esprit nouveau (Ez 36,16…28)
Psaume 41 ou Psaume 50 ; ou bien on peut prendre le cantique d’Isaïe, s’il n’a pas déjà été chanté après la lecture 5 (Is 12,2-6)
Prière du célébrant
L’hymne pascale
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Aussitôt après la dernière oraison (= la prière, dite « collecte »), le prêtre entonne le Gloria in excelsis, qui est, par excellence, le chant pascal des chrétiens.
- L’hymne achevée, tous s’assoient pour écouter la lecture de l’épître.
Epître de Saint Paul
- Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus. (Rm 6,3-11).
Acclamation de l’Evangile
-
Après avoir écouté la lecture de saint Paul, l’assemblée se lève et le prêtre entonne l’acclamation Alléluia, que tous reprennent.
Ensuite, un psalmiste, à l’ambon, chante le Psaume 117
auquel le peuple répond Alléluia.
- Ce chant de l’Alléluia, omis pendant tout le temps du Carême, est le chant du ciel, selon l’Apocalypse (Ap 19, 1-6). Il est aussi le chant de route des chrétiens, assurés d’avoir remporté en Jésus-Christ la victoire sur les forces du mal. Saint Augustin présente en ces termes l’Alléluia pascal :
Voici la joie, mes frères, la joie d’être ensemble, la joie de chanter des psaumes et des hymnes, la joie d’évoquer la passion et la résurrection du Christ, la joie d’espérer la vie éternelle. Et si un espoir nous emplit d’une joie si vive, que sera-ce lorsqu’il sera comblé ? Oui, en ces jours où retentit l’Alléluia notre esprit n’est plus le même. N’y sentons-nous point comme un parfum de la cité céleste ?... Là tous les saints seront réunis, ils se rencontreront ceux qui ne s’étaient jamais vus, là se retrouveront ceux qui se connaissaient, là l’union sera parfaite. »
(S. Augustin, In Psalmum 118, PL 37, col. 1463)
Proclamation de l’Evangile
- Selon l’année A, B ou C, on prend le récit selon St Matthieu (Mt 28,1-10), St Marc (Mc 16,1-8) ou St Luc (Lc 24,1-12).
Homélie
- Aussitôt après l’Evangile, le prêtre fait l’homélie. On procède ensuite à la liturgie baptismale que l’homélie a préparée.
3. Liturgie baptismale
Même s’il n’y a pas de baptêmes à célébrer, on doit, dans les églises paroissiales, bénir l’eau baptismale.
Si cette bénédiction n’a pas lieu aux fonts baptismaux mais dans le chœur, on porte ensuite l’eau baptismale au baptistère, où elle sera conservée pendant tout le temps pascal.
Là où il n’y a pas de baptême à célébrer ni de fonts baptismaux, le souvenir du baptême se fera par la bénédiction de l’eau destinée à l’aspersion du peuple. » (De festis paschalibus n° 88)
S’il y a des baptêmes à célébrer
- S’il y a des baptêmes, on invite ceux qui vont être baptisés à s’approcher de la fontaine baptismale. Les adultes sont accompagnés par leurs parrains et marraines, les enfants par leurs parents, leurs parrains et marraines ; les tout-petits sont portés par leurs parents accompagnés des parrains et marraines.
- Litanies des saints :
- Pendant qu’on chante les litanies, tous se tiennent debout et répondent aux invocations.
- On peut ajouter quelques noms à la liste des saints, par exemple ceux des patrons de l’église et des patrons des futurs baptisés
- Bénédiction de l’eau baptismale :
- Le prêtre bénit l’eau baptismale selon la formule présente au Missel.
- Le peuple chante ensuite l’acclamation : «
Fontaines du Seigneur, bénissez le Seigneur ! A lui haute gloire, louange éternelle !
» ou une autre acclamation.
- Baptême et confirmation :
- La bénédiction de l’eau achevée, chacun des catéchumènes est baptisé selon le Rite du baptême des adultes. Celui-ci commence par la renonciation au démon et la profession de foi.
- Normalement, les nouveaux baptisés sont confirmés immédiatement après le baptême, soit par l’évêque, soit par le prêtre qui les a baptisés.
- On procède ensuite au baptême des tout-petits. Le rite commence par la renonciation au démon et la profession de foi prévues pour parents, parrains et marraines
S’il n’y a pas de baptême à célébrer
- Lorsqu’il n’y a pas de baptême à la veillée pascale, on peut omettre les Litanies des saints.
- Lorsqu’il n’y a pas lieu de bénir de l’eau baptismale, le prêtre bénit de l’eau pour l’aspersion selon la formule présente au Missel.
Rénovation de la profession de foi baptismale
- La célébration du baptême (et de la confirmation) achevée, ou immédiatement après la bénédiction de l’eau si la célébration des sacrements n’a pas eu lieu, tout le peuple renouvelle sa profession de foi baptismale.
- Tous, debout, allument leurs cierges (éventuellement aux cierges des nouveaux baptisés).
- Le prêtre propose l’une des deux formulations de la renonciation à Satan présentes au Missel.
- Ensuite le prêtre asperge l’assemblée, en circulant dans l’église si c’est utile pour la signification du geste. Pendant ce temps, on chante un chant baptismal.
- Après l’aspersion, le prêtre revient au siège et les nouveaux baptisés reprennent leur place parmi les fidèles.
Prière universelle
- On omet le Credo (car la profession de foi baptismale en tient lieu).
- On fait la Prière universelle, à laquelle les nouveaux baptisés participent pour la première fois.
4. Liturgie eucharistique
- Le prêtre s’approche de l’autel, et la Liturgie eucharistique se déroule comme de coutume, en commençant par la préparation du pain et du vin. Il convient que ceux-ci soient apportés par les nouveaux baptisés
- En communiant pour la première fois au milieu de leurs frères, les nouveaux baptisés adultes achèvent leur initiation chrétienne.
5. Renvoi final
- Après la liturgie eucharistique, pour le renvoi, le diacre ou le prêtre lui-même chante :
- Le peuple répond :
6. Musique et chants
- Répertoire des chants : Tous les chants utilisés dans la liturgie sont propres au Temps pascal (cote liturgique : la lettre I).
- Le chant de l’Exsultet : Ecoutez le chant de l’Exsultet
7. Couleur liturgique
- Les ornements liturgiques sont de couleur blanche.
« Aux jours les plus solennels on peut employer des vêtements sacrés festifs ou particulièrement nobles, même s'ils ne sont pas de la couleur du jour. » PGMR (346)